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La rénovation énergétique et les bâtiments historiques : préserver le patrimoine tout en améliorant la performance énergétique

Si la France veut atteindre ses objectifs de performance énergétique pour tout le parc immobilier du territoire à l’horizon 2050, elle a un défi majeur à relever. En effet, 30 % des logements en France sont concernés par des mesures patrimoniales. Or, concilier rénovation énergétique et préservation du patrimoine peut vite s’avérer un véritable casse-tête. Si le ministère du Logement et de la Ville rappelle que la loi Climat et résilience du 22 août 2021 tient compte de ces 30 %, quelles sont les solutions pour les faire sortir de leur statut de passoires thermiques sans les dégrader ?

 

Les préconisations de l’association des architectes des bâtiments de France

S’il est évident que les architectes doivent prendre en compte les enjeux climatiques dans leurs projets de rénovation, Fabien Sénéchal, président de l’ABF, précise qu’il faut néanmoins être vigilant sur les solutions apportées pour s’assurer qu’elles ne dégradent pas le caractère historique des bâtiments. Ainsi, l’isolation par l’extérieur d’un bâtiment classé ne peut pas être envisagée, de même que le remplacement d’une fenêtre par n’importe quel modèle de double ou triple vitrage.

Yann de Carné, président du groupement des entreprises de restauration des monuments historiques, précise également qu’il faut privilégier les travaux réversibles pour ne pas dégrader de manière irrémédiable le bâti et pouvoir évoluer vers des solutions plus performantes à l’avenir.

 

Des exigences réduites pour les logements situés dans des bâtiments concernés par des contraintes architecturales et patrimoniales

Pour les 70 % de logements non concernés, une rénovation énergétique doit permettre d’atteindre une note de A ou B sur le DPE. Pour les 30 % restants, une rénovation énergétique est considérée comme suffisante dès lors que les travaux permettent au bâti de gagner au moins deux classes au diagnostic performance énergie. Il faut néanmoins que les 6 postes de travaux de la rénovation énergétique aient été traités, à savoir :

  • isolation des murs
  • isolation du sol
  • isolation de la toiture
  • remplacement des menuiseries extérieures
  • ventilation
  • système de production de chauffage et d’eau chaude sanitaire

 

Des travaux adaptés aux contraintes architecturales et patrimoniales

Il convient donc d’adapter les travaux de rénovation énergétiques aux contraintes des bâtiments classés ou dont la valeur patrimoniale est à préserver. Il faudra donc privilégier une isolation thermique par l’intérieur. Plutôt que de changer les fenêtres, on pourra également envisager la mise en place de sur-fenêtres avec un survitrage réalisé sur-mesure, puis remplacer le système de production de chaleur par un équipement performant et non énergivore. De même, une grande attention doit être portée aux matériaux utilisés, qui doivent être produits localement, d’origine naturelle et travaillés de manière artisanale.

Des expérimentations menées conjointement par l'association Effinergie en partenariat, la Direction de l'habitat, de l'urbanisme et des paysages (DHUP), le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, et la Direction générale du patrimoine et de l'architecture (DGPA) du ministère de la Culture" ont monté que ces solutions permettaient dans certains cas d’atteindre le niveau BBC Rénovation.

 

Un enjeu de formation des architectes

Le véritable défi pour les architectes est qu’il n’existe aucune solution unique pour allier rénovation énergétique et préservation du patrimoine. Chaque projet est unique et doit être envisagé en considérant ses spécificités, son histoire et ses évolutions pour lui apporter des réponses dédiées.

Il est nécessaire de renforcer la formation aux enjeux de la transition environnementale et de la rénovation énergétique des bâtiments pour les architectes spécialisés en rénovation énergétique et les architectes du patrimoine et de mettre à disposition des ABF de nouveaux outils et de nouvelles ressources scientifiques.

L’association Effinergie, qui dispense des labels pour promouvoir la construction et la rénovation de bâtiment basse consommation, avait lancé en 2020 le label expérimental « Effinergie Patrimoine » dédiés aux édifices qui combinent bonnes performances énergétiques et protection du patrimoine. Or, sur les 54 projets étudiés, seuls 9 atteignent les objectifs pour obtenir le label. Il reste donc des améliorations à apporter pour concilier ces deux contraintes.

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